Scoop.it, la curation au service du e-tourisme. Matthieu Dixte 23 mai 2013 Brand Content Temps de lecture > 10 minutes Le hasard de la vie a fait que j’ai rencontré il y a peu Marc Rougier qui n’est autre que l’heureux papa de Scoop.it. Fort de son succès dans le e-tourisme, nous lui avons demandé s’il était possible de le questionner au sujet de son outil et des enjeux qu’ils proposent aux professionnels. Peux-tu nous présenter Scoop.it ? Scoop.it est une plateforme de publication par curation. La curation, tendance très forte du web depuis 2 ou 3 ans, consiste en la sélection, l’édition et le partage de contenu existant. Le curateur utilise sa passion et son expertise sur un sujet précis, pour chercher du contenu, l’organiser, l’enrichir et le diffuser auprès d’une nouvelle audience. Ce faisant, il exprime son point de vue, sa connaissance ou son intérêt pour le domaine couvert par ses choix. Scoop.it aide les individus et les entreprises à intégrer la curation dans leur stratégie de contenu: la curation est une opportunité pour nourrir une présence web (média sociaux, sites, blogs) et donc pour consolider visibilité et réputation. Scoop.it rend la curation simple et efficace en offrant des fonctions de veilles (découverte de contenu), d’édition (le curateur dans Scoop.it devient en quelque sorte l’éditeur de magasines thématique) et de partage (vers Facebook, Twitter, LinkedIn, Google+, Viadeo, Pinterest, WordPress, Tumblr, etc). Et au delà de l’outil, Scoop.it est une communauté de curateurs actifs et engagés qui partagent contenus et idées sur leur domaine d’intérêt. Lancé en novembre 2011, Scoop.it réunit aujourd’hui plus de 6 millions de visiteurs uniques mensuels. Comment utiliser l’outil en tant que professionnel du tourisme ? Le tourisme est un secteur très actifs dans Scoop.it. On y trouve deux types d’usages principaux: D’une part, des veilleurs qui utilisent Scoop.it pour regrouper puis partager un état des lieux (en quelque sorte une revue de presse vivante) auprès d’une audience réduite (parfois privée). Nous sommes ici dans la gestion de connaissance. D’autre part, des collectivités locales ou des entreprises du domaine du tourisme qui, en se faisant curateur d’un sujet précis sur Scoop.it, deviennent des média, des passeurs de contenus sur leur activité ou sur leur région, et qui ainsi diffusent du contenu pertinent auprès d’une audience large, pour y développer une plus grande notoriété. Créer et diffuser très simplement des magazines thématiques de qualité est un atout certain dans le tourisme – d’autant que le e-tourism est un enjeu important. Je t’invite à faire une recherche du mot “tourisme” et de sélectionner “topics” (c’est le nom des magasines sur Scoop.it) pour obtenir quelques exemples. Je crois que le topic de Jean Boulin fut l’un des premiers, mais il y a de nombreux autres exemples! [box_info]Exemples de Scoop.it dans le tourisme : http://www.scoop.it/t/l-office-de-tourisme-du-futur http://www.scoop.it/t/ski-tourisme-internet http://www.scoop.it/t/allemagne-tourisme-et-culture http://www.scoop.it/t/l-info-tourisme-en-aveyron [/box_info] Quels sont les secteurs d’activités les plus représentés ? Comme notre développement marketing est exclusivement naturel (ou viral) sur le web, nos premiers utilisateurs, qui sont encore les plus nombreux aujourd’hui, sont naturellement les utilisateurs assidus d’internet, notamment, les veilleurs, les acteurs du marketing et de la communication, les community managers, les agences digitales, les startupeurs, les technophiles. Sans distinction de taille de l’entreprise (nos clients vont de l’entreprise individuelle au grand groupe: du loueur de matériel de plongée à Montréal à EdF, La Poste ou Orange). L’éducation est ensuite le secteur le plus représenté, suivi du Tourisme. Puis une très longue traine comprenant architecture, photographie, immobilier, politique… nous avons même le football club de Barcelone, un fan club Ducati, le think tank Coffee Party, un professeur de piano, un jardinier japonais ou encore un coach en développement personnel… Naturellement il y a un intérêt principalement pour des problématiques B2B mais est-ce qu’il existe des exemples en B2C ? Scoop.it aide en effet à développer une notoriété sur un sujet précis, à “maitriser” ce sujet et à le faire savoir – sans y passer tout son temps. C’est une problématique liée à la réputation, dont la motivation première est souvent professionnelle (B2B donc, mais concernant aussi les experts, consultants ou auto-entrepreneurs). D’où notre business model “freemium” et notre positionnement dans l’échange de contenu “sérieux”, d’idées. Mais comme c’est avant tout un moyen d’expression, nous avons aussi des utilisateurs à titre personnel: leur motivation est plus la collection, la passion, le partage, que la démonstration d’une expertise. Scoop.it est pour eux comme un intermédiaire entre un blog et Pinterest (un blog requiert plus de temps que Scoop.it, est plus complexe; Pinterest quant à lui permet moins facilement d’engager sur des idées, de partager du texte, car il est orienté image). On trouve par exemple de très beaux topics sur la poésie, le street art, la moto, la cuisine, les mangas, le voyage… Quelles sont les prochaines fonctionnalités à venir ? Nous faisons des ajustements réguliers pour rendre la plateforme plus efficace et pour répondre aux nombreuses demandes de nos utilisateurs. Parmi les fonctions plus macroscopiques à venir, il y aura une mise en avant plus évidente des aspects communautaires, ainsi qu’une application iPad (nous avons pour l’instant une application iPad de lecture, Read.it, qui permet de découvrir, de suivre et de lire des topics – et de synchroniser son compte Scoop.it, mais pas encore de publier). Par ailleurs, Scoop.it est un peu un intermédiaire entre les média qui produisent du contenu et ceux vers lesquels nos utilisateurs veulent diffuser. Nous enrichissons donc au fil de l’eau la liste des média que notre moteur de suggestion écoute (Google, Twitter, Facebook, flux RSS, Flickr, etc… récemment nous avons ajouté SlideShare) ainsi que la liste des destinations servies par la fonction de partage (Twitter, Facebook, Google+, Pinterest, etc… récemment nous avons ajouté les groupes LinkedIn et viadéo et nous allons annoncer Yammer très prochainement!) Il arrive qu’on entende une critique stéréotypée sur le fait que Scoop.it ne fait que repartager et donc exploiter indirectement du contenu créé sur internet. Quelle est votre réponse à cette théorie ? * Le partage est un des piliers fondateurs du web dit 2.0. Sur Twitter, Facebook, Tumblr, Pinterest avant Scoop.it D’un point de vue philosophique, partager est vertueux. Et il est même difficile de distinguer le partage de la création. Les créatifs que j’ai questionnés sur la question (mathématiciens, compositeurs) reconnaissent que leurs oeuvres sont une digestion, consciente ou non, d’oeuvres précédentes, auxquelles ils ont ajouté contexte et inspiration. D’un point de vue business, Scoop.it n’exploite pas le contenu existant mais offre des fonctionnalités pour en faciliter la veille, l’édition et la diffusion. Ces fonctions sont le fruit d’efforts et d’investissement de la part de Scoop.it et la communauté peut les utiliser gratuitement. Bien sur il faut respecter le travail des auteurs. C’est important pour Scoop.it: le champ “source” est le seul non éditable et les posts pointent vers les contenus cités (auxquels ils apportent une audience). Et nous invitons les curateurs à ajouter leur contexte dans un espace distinct de celui de la citation: il s’agit de l’insight (point de vue). In fine nous avons un ensemble vertueux: des auteurs génèrent du contenu. Des startups développent des outils pour naviguer sur le web. Des curateurs découvrent des perles, les mettent en scènes et les partagent. Des internautes découvrent ces perles grâce aux outils mis à disposition et grâce aux efforts des curateurs. Ces internautes enfin deviennent une audience supplémentaire et qualifiée pour les oeuvres qu’ils découvrent ainsi. Si chaque élément de cette chaine respecte les autres, nous construisons un web meilleur. Sur Scoop.it, plus d’un demi millions de curateurs ont ensemble dépassé les 100 millions de curations; cela nous donne une perspective statistique intéressante. Nous avons eu, au total en 18 mois, moins de 12 plaintes d’auteurs ayant été cités. Et nous recevons chaque semaine le même nombre de demandes d’auteurs qui veulent être cités; des auteurs qui reconnaissent qu’ils peuvent être bons pour créer quand d’autres sont bons pour passer. * pour information, il ne s’agit pas d’une idée reçue que nous partageons sur Stratégies-Etourisme Est ce que vous souhaitiez privilégier le qualitatif ou le volume sur la plateforme ? Nous avons un positionnement sur l’usage “qualitatif”, pour une audience souvent passionnée, ou business. Bien sûr, nous ne pouvons ni voulons maitriser les contenus choisis et partagés: nous ne sommes pas éditeurs. Et l’espace est libre! Bien sûr nous espérons aussi convaincre une audience toujours grandissante. Mais nous avons ajouté ici et là des fonctions pour pousser vers le partage d’idées et l’engagement plutôt que vers le “one-click publishing”. Par exemple l’insight, qui est fondamental. Egalement le score, qui prend en compte des critères tel que l’édition par le curateur, le partage, les réactions de son audience ou encore la fraicheur. Ca reste bien sûr imparfait et subjectif, mais ça aide à trouver du contenu “engagé” et ça indique aussi aux utilisateurs vers où aller. Qu’est ce qu’apporte en plus la version pro ? Le business model est freemium: tout le monde peut s’inscrire gratuitement et bénéficier des fonctions de base de la curation (découverte, édition et partage). Plusieurs niveaux de versions payantes (abonnement mensuel) offrent des fonctions supplémentaires: un plus grand nombre de topics (en gratuit, c’est 5 par comptes) un plus grande quantité sur la fonction de génération de News Letter. la personnalisation (graphique et aussi html, permettant une expérience intégrée) le domain hosting la planification de publication davantage d’options de partage le travail en équipe des analytiques détaillés un mode privé une API en marque blanche Flipboard vient de sortir une version en ligne de ses magazines personnalisés. Les considérez vous comme un outil en concurrence directe avec le votre ? Quelles sont vos forces face à Flipboard ? Oui, Flipboard 2.0, qui permet à un individu de créer un magasine en agrégeant du contenu existant, est un produit assez proche de Scoop.it. Il y a cependant des différences importantes, qui sont cohérentes avec notre positionnement: – Scoop.it permet avant tout de créer un magasine web; le web pour Flipboard est une façon de gérer son contenu mais n’est pas une destination pour engager une audience. Les magasines créés sur Scoop.it ont d’excellente performance SEO et ne se limitent donc pas à l’iPad. – les magasines créés sur Scoop.it sont ensuite un hub de publication vers toutes les média sociaux. Scoop.it permet ainsi de gagner du temps dans sa stratégie de contenu. Nous enrichissons constamment les destinations servies pour augmenter cette valeur (groupe LinkedIn, Viadeo, Yammer, par exemple) – nous disposons également d’une API qui permet à nos utilisateurs d’intégrer leur curation dans un site, un blog ou une appli (mobile, Facebook, etc) de son choix – nous disposons d’un moteur de suggestion qui aide à la découverte de contenu en veillant, en background, un ensemble de média et de moteurs de recherche, et en suggérant des contenus à l’utilisateur – enfin nous offrons en ensemble de fonction pour augmenter l’impact de la publication au delà de l’iPad (score, extraction de News Letter, domain hosting, travail en équipe, etc) Mais Flipboard reste un magnifique outil! 🙂